La deuxième édition de Agile Lyon (organisée par le CARA Lyon) était en 2016 sur le thème de la communication. J’ai beaucoup aimé l’intervention du chef d’orchestre Samuel Couffignal et du quatuor Meltin’corde qu’il dirige. Commencer la journée en musique est toujours agréable.
La conférence la plus intéressante à mes yeux était celle donnée par Yves Rosseti, chercheur en neurosciences. Son but était d’expliquer les bases des problèmes de la compréhension et par conséquent de la communication entre les personnes.
Le cerveau nous permet de comprendre la réalité qui nous entoure mais cette compréhension peut être biaisée à la fois pour
des raisons internes, les capteurs sont perfectibles et
des raisons externes, car les signaux sont complexes et parfois ambïgus
C’est pour cette raison par exemple, que nous pouvons créer des illusions d’optique dans les images. Pour appuyer ses démonstrations Yves Rosseti c’est appuyer sur certaines de ces images.
Quand on regarde quelque chose, l’information captée à un instant t par vos yeux est très faible. Ils doivent balayés tout l’horizon pour transmettre toute l’information nécéssaire au cerveau pour que ce dernier puisse faire une représentation de la réalité qui est face à vous. Les yeux sont beaucoup plus actifs que le coeur.
Comme à un instant t nous ne voyons que très peu de chose, notre cerveau nous fait parvenir les informations en périphérie en fonction des informations qu’il a récolté précédemment.
Les signaux sont aussi complexes. Nous pouvons avoir des manques de lumière, des ombres, des informations troubles, du contraste, du flou quand on se déplace, des problèmes de profondeur…. C’est pourquoi la réalité ne peut être qu’interprétée. Le cerveau doit à tout moment faire des suppositions pour reconstituer une scène.
Ces interprétations sont utiles et nécessaires. Mais comme ce sont des interprétations elles nous sont propres. Le cerveau humain est bien fait et un groupe dans le même contexte aura tendance à faire les mêmes interprétations. Nous avons une interprétation partagée de la réalité. Mais dans de multiples situations ce ne sera pas le cas.
Très souvent c’est le contexte qui va aider le cerveau à interpréter ce qui l’entoure. Quand ce qui est devant vous change, le cerveau ne s’intéresse qu’au changement afin d’optimiser et limiter ses traitements. Il perçoit un contraste à la fois dans l’espace et dans le temps.
Les expériences peuvent aussi nous jouer des tours dans nos interprétations. Savoir empêche parfois de voir…. Par exemple quand les frères Lumière ont diffusé pour la première fois leur film Arrivée d’un train à la Ciotat en 1895, les premiers spectateurs sont sortis en courant de la salle. Aujourd’hui notre expérience des écrans fait que ce n’est plus le cas.
Le contexte culturel est aussi important. Prenez cette image.
Vous voyez certainement une famille, assise dans la pièce d’une maison, avec une fenêtre qui est juste au dessus de la tête d’une femme à gauche. Lorsque des chercheurs l’ont montré à des africains ayant une autre culture que la notre, ils voyaient une famille réunie sous un arbre avec une femme portant une boite sur la tête
L’âge peut aussi jouer des tours à notre cerveau et nous n’avons pas la même vision de la réalité enfant et adulte.
Il existe différentes formes de communication: le parler, le non parler…. Quand quelqu’un s’exprime il émet des mots qui arrivent à notre cerveau. Tout comme pour les images il va faire des interprétations et tout ce qui était vrai au niveau des images se retrouvent dans la linguistique.
Il est important de préciser le contexte quand on parle, car sinon nous laissons le cerveau en face de nous, faire ses propres interprétations. Sans contexte, on introduit l’ambiguïté des interprétations et l’incompréhension.
Les interprétations sont toujours subjectives. Les faits eux sont indiscutables.
Quand on est dans l’interprétation il faut convaincre l’autre. Quand on se base sur des faits ce n’est pas le cas.
La base de la communication est d’apprendre à faire la distinction entre ces 2 modes. Il faut garder à l’esprit que nous sommes toujours dans une interprétation plus ou moins vraie d’une réalité. Il faut donc accepter que l’autre peut parfois comprendre cette réalité autrement en fonction de son parcours, du contexte…